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La femme en Afrique : progrès accomplis et perspectives d’avenir

La femme en Afrique : progrès accomplis et perspectives d’avenir

 

 

C’est au prix d’un combat bien précis que tout progrès s’accompli. En effet, se référant à la situation de la femme d’une manière générale, force est de rappeler que partout au monde, les femmes sont confrontées à des situations identiques de part leur statut sexuel.
Ce qui leur confère leur caractère de femme, c’est leur capacité de procréation, leur aptitude à l’exercice d’un certain nombre de tâches élémentaires comme celles relevant du domaine domestique : prendre soin des enfants, du mari, de la famille, exécuter la plupart des tâches ménagères. Afin  de redéfinir de nouvelles positions et de la définition de nouveaux rôles aux hommes et aux femmes, l’article cinq de la convention sur toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes ( CEDEF ) stipule que «  les Etats parties prennent toutes les mesures appropriées pour :
a)    modifier les schémas et modèles de comportement socioculturel de l’homme et de la femme en vue de parvenir à l’élimination des préjugés et des pratiques coutumières , ou de tout autre type, qui sont fondés sur l’idée de l’infériorité ou de la supériorité de l’un ou de l’autre sexe ou d’un rôle stéréotypé des hommes et des femmes ;
b)    faire en sorte que  l’éducation familiale contribue à bien faire comprendre que la maternité est une fonction sociale et à faire reconnaître la responsabilité commune de l’homme et de la femme dans le soin d’élever leurs enfants et d’assurer leur développement ,étant entendu que l’intérêt des enfants est la condition primordiale dans tous les cas ».
    
L’unique différence se situe tout simplement au niveau des batailles gagnées en fonction des opportunités historiques ou conjoncturelles. Ainsi, qu’elles soient africaines, américaines, asiatiques, européennes, elles partagent fondamentalement le même destin.
Elles souffrent des mêmes maux tels que la violence, l’ignorance, la discrimination, l’analphabétisme, la peur, les stéréotypes, les pesanteurs socioculturelles, douleurs physiques et psychologiques de la maternité, …, pour ne citer que ces cas de situations communes à toutes.
1. L’unicité du destin des femmes
L’un des mérites incontestables de la conférence internationale de Beijin qui a réuni l’ensemble des femmes du monde entier sur les problèmes des femmes, c’est d’avoir révélé cette unicité du destin féminin. C’est d’ailleurs dans ce contexte historique qu’est apparu la nécessité de mettre en place des mécanismes identiques de suivi-évaluations de l’évolution de la situation de la femme dans tous les pays du monde.
 En terme d’acquis majeurs au-delà de toute considération politique, il faut souligner la prise de conscience des femmes elles-mêmes de la nécessité de se mettre ensemble pour constituer une force sociale en mesure de faire entendre sa voix désormais, en terme de stratégie de protection et de défense des droits des femmes. Sans cela et face à la résistance bien justifiée de hommes qui ne sont pas encore assez prêts à céder ou à concéder les privilèges que l’histoire leur a légués jusqu’alors. Toutefois, dans son principe de base, la notion des droits de la femme rappelle tout simplement l’humanité de la femme qui voudrait qu’elle soit traitée en qualité de personne humaine au même titre que l’homme. Et c’est là toute la problématique de l’évolution de la situation de la femme qui fait l’objet d’une actualité brûlante dans les pays où la culture des droits humains a du mal à se faire prévaloir comme la valeur de référence du quotidien.


2. La question de l’émancipation et de la  promotion de la femme


Partout au monde, tout le problème de l’émancipation  ou de la promotion  de la femme se pose en terme de la prise en compte  dans l’inconscient collectif des droits de la femme dans le processus d’évolution des sociétés humaines.
Comment arriver, exactement comme l’histoire et l’éducation sociale classiques l’ont fait, un peu comme une situation inverse mais complémentaire à l’organisation sociale de nos jours, à amener l’ensemble de toutes les catégories au sein de toutes les sociétés du mondes à admettre que la femme est un être humain à part entière que l’homme ?
C’est au nom de ce statut d’humain que la femme partage avec l’homme et qui se heurtent aux conceptions contradictoires léguées par l’histoire des cultures et des traditions de toutes les  sociétés du monde, qu’il faut remettre en cause l’ordre social actuel en terme de schémas de repères codifiant les comportements sociaux de l’un des sexes à l’égard de l’autre sexe et vice versa. Toute la philosophie de l’égalité des sexes tourne autour de cette notion de statut d’humain et qui s’avère par dessus tout commun aux deux sexes.
C’est sur le plan humain, ce qui fait , fondamentalement de la femme l’égale de l’homme. En effet, lorsque dans une maternité, un bébé naît, avant toute considération liée au sexe ( habillement de couleur rose pour les filles et bleu pour les garçons, le type de coupe d’habit : robe # pantalon ou culotte autrefois, etc.), c’est l’état de fragilité permanent du bébé tout court qui est potentiellement mis en exergue.
3 . Le statut idéal de la femme

D’un point de vue scientifique, s’il est difficile pour un spécialiste de se couper du passé gréco-romain dans l’approche des questions européennes y compris celles des femmes, il ne lui  serait pas évident également d’analyser les faits historico-culturels africains sans se référer à leur sens profond ainsi que leur cohérence par rapport à la civilisation de l’Egypte ancienne où la femme avait un statut qui relève d’un idéal de nos jours.
 La femme égyptienne  des temps anciens possédait des droits de citoyenneté et ne pouvait pas être réduite en esclavage. Des témoignages contenus dans les écrits des égyptologues, son statut légal faisait d’elle l’égale de l’homme quelque soit sa situation matrimoniale. Elle avait le droit de propriété qui lui conférait de disposer de ses biens , vendait ou louait de son gré. Elle pouvait faire son testament ou le révoquer. Il lui était possible également de transmettre ses titres et droits politiques.
La  femme égyptienne pouvait entre autres intenter des procès, témoigner devant un tribunal et participer aux cérémonies religieuses. De nos jours, la problématique de la participation et  de l’implication des femmes dans le processus de développement en Afrique ne fait-elle pas l’objet d’un débat d’actualité ?
L’expression ou encore la jouissance du droit à la liberté par les femmes se heurtent sensiblement à des dispositifs culturels qui ne reconnaissent pas toujours à la femme un quelconque besoin à une telle aspiration.
3. Les types d’approches pour l’ analyse de la situation de la femme
En terme de stratégies de développement, l’approche relative à l’implication des femmes dans les questions de développement ( IFD) qui, n’ayant pas véritablement connu de résultats concluant au regard de l’état d’évolution de la situation des femmes en Afrique, va donner lieu à une nouvelle orientation dénommée l’approche genre et développement ( GED). Dans sa mise en œuvre initiale, la stratégie de l’ IFD a été conçue pour rappeler à l’ensemble de acteurs sociaux de tous les secteurs de la vie des nations africaines combien pendant longtemps les femmes ont été  non seulement laissées à leurs comptes, mais aussi ne prenaient pratiquement pas part aux grandes décisions qui les concernaient, pour faire allusion à une des pierres d’achoppement de l’heure relative à la participation des femmes aux sphères de décisions. S’inspirant des limites de l’une des principales limites de l’IFD, à savoir la non implication des hommes lors de la mise en œuvre de cette  nouvelle vision d’orientation du développement, l’approche GED , dès sa phase de conception, va œuvrer à réparer une telle erreur fondamentale. C’est ainsi que l’approche GED cherchera principalement  à axer ses efforts sur la nécessité de prendre en compte les préoccupations des hommes et des femmes en ne perdant pas de vue les disparités qui sont à la base des écarts dans tous les domaines de la vie nationale comme celui de :    
-    l’éducation : faible niveau d’instruction des filles, taux d’analphabétisme  plus élevé chez les femmes, etc ;
-    l’économie : faible accès des femmes à la terre et au crédit, pauvreté plus accrue chez les femme, etc;
-    la santé : faible fréquentation des centres de santé, fécondité précoce, risques et séquelles liés aux pratiques culturelles néfastes( excision, mariages précoces et/ou forcés, ….), etc.
Le genre étant défini comme l’ensemble des constructions socioculturelles qui régissent les relations entre les hommes et les femmes les femmes d’une société donnée, ces écarts produisent des situations d’injustices sociales qui ne favorisent pas du tout l’épanouissement de la femme. Ce qui d’autres part, pose un sérieux problème de développement des pays africains.
Car, comme le souligne Michael GEILGER ,  aider les femmes, ce n’est pas seulement une question de justice sociale et une contribution à la réalisation des droits humains, mais aussi et surtout une contribution au développement économique d’un pays.
Ainsi, tous les droits consacrés et reconnus à la femme à travers des dispositifs tant aux plans national , régional qu’international, ne partagent  pas toujours  pour l’essentiel les mêmes valeurs en termes de repères fondamentaux que les orientations principales des grandes tendances de la plupart des cultures africaines.

5. L’ impact de l’éducation culturelle sur le comportement des hommes

Dans l’éducation culturelle de l’Afrique des traditions endogènes de groupe, l’enseignement culturel de base s’adressant aux garçons leur rappelait des valeurs de référence en mesure de conférer une place raisonnable au sein de la société.
Dans son éducation de base le petit garçon de l’Egypte des temps anciens ne devait pas perdre de vue une des  maximes fondatrices de la société à laquelle il appartient et au sein de laquelle il est appelé à évoluer.
Il s’agit pour lui de se rappeler ceci : «  quand vous serez un jeune homme et que vous prendrez une épouse et l’installerez dans votre maison, souvenez-vous de la manière dont votre mère vous donna naissance et comment elle vous éleva. Ne permettez pas qu’elle vous blâme, qu’elle se remette entre les mains de Dieu et qu’Il entende ses lamentations[…]. Ne contrôlez pas ce que fait votre femme dans sa maison si vous la savez capable ; ne lui dites pas « où est cela ? »…observez le silence, trouvez-le, ainsi vous pourrez reconnaître ses talents ».
Une telle disposition d’ordre éducationnel soulève problème fondamental de la cohabitation homme-femme au sens moderne du terme. Dans une relation de couple, il arrive que des femmes vivent constamment des situations inadmissibles de déstabilisation intérieure(problème de psychologie !)  liée au fait qu’à défaut d’admettre des talents qui confère à la femme une certaine supériorité dans la relation à deux, choisit tout simplement de détruire ses potentialités féminines qui  demeurent en faite l’essentiel de ce qui fonde sa valeur humaine.
Ainsi, lorsqu’elle fait quelque chose de bien, au lieu de la félicité, de l’encourager ou tout simplement de lui dire de belles choses ou des mots gentilles, certains hommes réfèrent adopter une attitude contraire, c’est-à-dire la décourager, lui dire des choses désagréables au moment où elle n’en a surtout pas du tout besoin. Le corollaire d’un tel  cas de situation qui, relève  à priori du banal du quotidien de la plupart des femmes pose un grave problème de société qui se retrouve principalement chez les femmes. Il s’agit du manque de confiance en soi qui empêche beaucoup de femmes pourtant dotées de bonnes capacités de réaliser des exploits dans les domaines classiques réservés aux hommes.

6. La confiance en soi, un élément fondamental pour l’engagement des femmes

La confiance en soi est pourtant un soubassement indispensable au renforcement de la personnalité qui fait défaut chez beaucoup de femmes et les empêche ainsi de réaliser de grandes œuvres appréciables.
 Dans beaucoup d’études relatives à la situation de la femme au Burkina Faso, cette question de manque de confiance en soi chez les femmes revient comme étant un des handicaps majeurs à l’exercice leurs droits civiles et politiques, à l’instar du problème de manque d’ambition qui, en réalité se trouve lié au précédent.
Ainsi, les femmes veulent bien s’engager pour faire de la politique, mais elles ont peur des clichés savamment élaborés par la société en complicité avec l’histoire et la culture. Ces dernières, pourtant  ont  conféré et garantis une position de supériorité de l’homme par rapport à la femme.
En dépit de la modernité qui rappelle l’emprunt d’un certain nombre de valeurs telle que celle stipulée par l’article premier de la déclaration universelle des droits humains, à savoir que  « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Il sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité », le comportement des hommes à l’égard des femmes n’a pas sensiblement évolué.
Au regard de certaines considérations culturelles, la femme fait partie intégrante des biens de l’homme. Elle lui est « donnée » en mariage, n’a pas de décision à prendre, ne décide de rien et doit se contenter de s’exécuter, ne peut donc en aucun cas prétendre au droit à la propriété. Ainsi, de nos jours il existe une catégorie d’hommes fortement attachés à ces valeurs traditionnelles très défavorables à la femme et foncièrement hostiles au  changement de mentalités.
     Au niveau  où se joue le destin de la fille, la femme de demain, il importe que les mères, les pères et les tantes que chacune et chacun de nous représente en qualité de vecteurs de la reproduction des schémas sociaux négatifs sur la femme,  mènent une introspection afin d’y puiser  les éléments de combat en vue d’un engagement sincère aux fins d’une contribution individuelle pour un réel changement de la situation de la femme partout dans les sociétés au sein desquelles nous évoluons.
7. Vers un changement des mentalités et de la société
pour une considération et un traitement équitable des sexes

La situation que la femme africaine d’aujourd’hui souhaite n’a rien d’un idéal, ni d’un mythe et encore moins un rêve. Le nouveau statut auquel la femme africaine aspire, à   l’instar de ses sœurs d’autres continents, c’est que les hommes en Afrique acceptent tout au moins de reconnaître et d’accepter l’égalité juridique du statut social de tous les deux sexes : masculin et féminin.
Car la problématique fondamentale que soulève le droit dans toute société humaine consiste à « ne pas faire à autrui ce tu ne souhaites pas que quelqu’un d’autre te fasse ».C’est là aussi que se trouve toute la philosophie de tous les droits dans leur ensemble y compris les droits de la femme.
La notion de droits fondamentaux, c’est-à-dire communs à tous dans leur importance et celle de droits spécifiques, c’est-à-dire propres à un groupe précis bien donné, a été créé pour réglementer les comportements des hommes et des femmes les uns envers les autres ainsi que pour assurer une codification de la société, le cadre d’existence des humains et celui de l’expression des vices, de toutes sortes de perversités auxquelles femmes et filles sont généralement mais  malheureusement les plus exposées.
Dans la perspective du déclenchement du processus de restitution du statut juridique de la femme en Afrique, l’éducation sociale et familiale doit jouer un rôle fatidique primordial dans une interaction petits garçons- petites filles/ jeunes garçons-jeunes filles dans l’esprit d’inculquer de nouvelles valeurs de référence sociales entre les futurs hommes et les futures femmes de demain.
 Autrement, le contexte et la situation actuelle donne l’impression générale d’une société dont l’allure reflète une culture de base qui inculque aux garçons et aux hommes des valeurs uniquement pour être dures, parce que appelés à être des chefs en terme de l’entité humaine habilitée à détenir du pouvoir non seulement au sein de la famille, au premier degré, mais aussi au sein de la société en terme de pouvoir politique, économique, religieux, coutumier.
Très précocement, cette culture de la dureté est perceptible dans le comportement quotidien  des petits et des jeunes de sexe masculin comme si ,indirectement quelque part, le destin des femmes doit toujours être régi par les hommes de sorte que les stratégies y afférant sont développées depuis la prime enfance des garçons qui apparaissent visiblement comme les hommes, les dominateurs du futur en terme de rapports de force entre la fille et le garçon, puis à un autre degré entre l’homme et la femme.

8. Le rôle et l’importance d’un ministère pour la promotion de la femme

Tout à fait consciente de leur situation d’infériorité au sein de la société en général, les femmes burkinabè ont cerné très tôt la nécessité pour elles de s’unir afin de constituer  une force au plan national. Les femmes représentent aujourd’hui 52% de la population du Burkina Faso et ont réussi au terme d’un vaste plaidoyer à obtenir la création d’un ministère de la promotion de la femme le 10 juin 1997.
Il assure la mise en œuvre  et le suivi de  la politique du gouvernement en matière de promotion socio-économique de la femme, puis coordonne et impulse les actions en faveur de la femme. Le ministère de la promotion de la femme représente de ce fait  le nouveau le nouveau cadre de concertation et de coordination des interventions au profit des femmes. Ainsi, en collaboration avec les autres départements ministériels et institutions concernées, il est  investi des missions spécifiques ci-après :
-    l’ élaboration de stratégies de promotion de la femme et de la jeune fille ;
-    le suivi-évaluation des stratégies de promotion de la femme et de la jeune fille ;
-    la promotion de l’égalité des droits des femmes et de leurs à la santé de la reproduction ;
-    l’information et la sensibilisation sur les droits de la femme ;
-    la coordination des actions en faveur de la femme auprès des partenaires et structures concernées ;
-    le suivi-évaluation de l’impact des actions des organismes non gouvernementaux et des Associations féminines.

La création d’un ministère uniquement consacré aux questions des femmes fait partie de l’une des revendications  après  que la volonté politique qui accompagnait l’action des femmes se concrétisera au Burkina Faso par la mise en œuvre d’un tel chef d’œuvre.

9. Les acquis au regard du parcours accompli

A la suite d’un premier plan d’action triennal axé autour de la lutte contre la pauvreté des femmes, le développement de ressources humaines féminines, la protection des droits fondamentaux de la femme, le plaidoyer pour une image positive de la femme, le développement des mécanismes institutionnels, le ministère de la promotion de la femme vient d’élaborer un deuxième plan d’action qui, à la différence du précédent , est de portée quinquennal. Ce nouveau plan qui s’étend de 2003 à 2007, comporte six programmes prioritaires libellés ainsi qu’il suit :
-    l’amélioration des revenus et des conditions de travail des femmes ;
-    le développement des capacités humaines féminines et la promotion de l’expertise féminine ;
-    la promotion des droits fondamentaux de la femme et de la petite fille ;
-    le renforcement de rôle de la femme dans la gestion de l’environnement et du cadre de vie ;
-    la réduction des inégalités dont sont victimes les femmes ;
-    le renforcement du mécanisme institutionnel de promotion de la femme.
Au titre de directions techniques au  travers desquelles le ministère se déploie sur le terrain, il y a :
-    la direction des affaires juridiques ( DAJ ) ;
-    la direction du suivi et de l’encadrement des actions en faveur de la femme et de la jeune fille ( DSEAFJF) ;
-    la direction de coordination des Associations féminines ( DCAF ) ;
-    la direction du genre pour le développement ( DGD ) ;
-    la direction du plaidoyer et de l’habilitation pour la promotion de la femme
( DPHPF) ;
-    la direction de la presse et de la communication ministérielle ( DCPM);
-    le centre d’information, de formation et de recherche - action  sur la femme ((CIFRAF) .
Dans la perspective de développer des  stratégies d’une politique de proximité, treize directions régionales ont été créé suivant le découpage administratif du pays.
En terme d’acquis en matière de progrès de la lutte des femmes pour une amélioration de leurs conditions de vie, force est de constater que les choses bougent sensiblement pour  et chez  les femmes du Burkina Faso.
Elles sont de plus en plus capables de beaucoup de choses telles que travailler dur pour contribuer à la scolarisation de leurs filles, en cas d’absence du conjoint, elles sont de plus en plus capables de prendre leurs responsabilités en s’organisant rationnellement pour subvenir aux besoins de la famille.
D’où l’apparition de nouveaux  modes de vie ou d’organisation sociale au sein desquels des femmes se retrouvent de plus en plus en position de cheffes de famille.
L’acquis substantiel en la matière, en terme de situation favorable pour les femmes au plan juridique, c’est que le statut de femme, cheffe de ménage ou veuve , cheffe de famille est reconnu par le Code des personnes et de la famille. Cela représente une avancée notoire au regard des pratiques traditionnelles d’autrefois et qui ne favorisaient pas du tout la femme telles le lévirat dans ce malheureux et triste contexte de la propagation à un rythme effroyable du VIH/SIDA.
10. La nouvelle vision de la polygamie
Au regard du risque que représentent de plus en plus les maladies infectieuses , le VIH-SIDA / IST, n’ est-il pas temps pour les femmes africaines elles mêmes d’oser  accepter  d’apprécier la question de la polygamie autrement que la vision actuelle qu’elles ont de cette pratique qui, d’un point de vue des Nations Unies pourrait s’inscrire dans la catégorie des violences faites aux femmes ?
En effet, dans les débats face à cette question de la polygamie, beaucoup de femmes n’ont  pas une approche exhaustive  du sujet. Parmi le groupe des défenseuses de cette option matrimoniale qui semble aussi vieille que les traditions africaines, certaines développent de arguments nouveaux pour justifier de l’intérêt de la pratique.
Sur une population de 11,5 millions d’habitants que compte le Burkina Faso, 52% sont des femmes . En raison de l’important rôle que le mariage continue à jouer dans la définition du statut social de la femme en Afrique, beaucoup de femmes , qu’elles soient intellectuelles ou non, lettrées ou illettrées, alphabètes ou analphabètes, restent ou  vivent encore sous le poids des clichés sociaux.
Ainsi, la supériorité numérique fait peur aux femmes au point que certaines craignent de se retrouver  sans conjoint au regard du déséquilibre de 52% d’hommes contre 48% de femmes. Il est déjà arrivé de les entendre dire ceci lorsque la question fait l’objet d’un débat publique en assemblée de femmes : « mes sœurs, laisser, nous allons nous asseoir deux-deux, trois-trois, comme ça, nos autres sœurs auront des maris et des foyers !». A travers un tel propos, les femmes étaient invitées plutôt à s’organiser pour accepter de se marier à deux ou à trois avec un  seul  homme afin de donner des chances à d’autres femmes de fonder ainsi un foyer tel que le lui demande la tradition, la culture et par voie de conséquence la société.
Faut-il fonder des foyers pour le plaisir d’en fonder au moins une ou du moins faut-il en fonder pour au moins y espérer  un bonheur. Car, de nos jours et contrairement aux tendances de départ, des recherches ont prouvé que le VIH/SIDA tue plus les femmes que les hommes. Comment quelque part en est-on arrivé à une telle situation ? Conformément aux prescriptions établies par la cultures des sociétés, les femmes ont peur de beaucoup de choses au point qu’elles acceptent trop facilement beaucoup de choses au périle  de leur vie.
Or, la déclaration universelle de droits de l’homme rappelle à son article trois que «  tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté  de sa personne ». Malheureusement, les dispositifs des cultures africaines ne confèrent pas toujours la référence à ces principes élémentaires aux femmes. Bien au contraire, pour l’essentiel beaucoup de pratiques culturelles, bien que définissant la femme dans des rôles  et des positions assignés et plus ou moins acceptables, n’accordent véritablement qu’un second plan à la femme.
Dans certaines cultures, un homme et une femme ne peuvent même pas s’asseoir ensemble côte à côte à plus forte raison, partager un repas en commun. Mais avec la modernité caractérisée par les petites sorties, les boîtes de nuit, les invitations de couples, une telle tendance tend à s’estomper. Mais pour l’essentiel, rien n’est évident. Car, le partage sincère de la vie à deux, la symbiose d’une vie commune  est une question d’épanouissement si chère à toutes et à tous.
En raison des souffrances que causes ces choix parfois imposés par la culture ou la religion, il est plus que temps pour les femmes  de se projeter dans une vision moderne de la pratique de la polygamie : combien de femmes ne se sont pas suicidées, parce que leurs maris  qu’elles aimaient d’un amour sincère a pris une nouvelle épouse sans rien leur dire ?
Combien de femmes ne sont pas mortes de VIH/SIDA parce qu’elles vivaient dans « ces fameux foyers » polygames où une des épouses est soupçonnée d’avoir propagé la maladie de l’époux ( le principal  canal de distribution) vers les autres épouses eu égard à son rythme de vie en relation à l’incapacité  du chef de famille à assumer les charges de la famille ainsi que son devoir conjugal, etc, pour ne prendre qu’un tel exemple de situation parmi tant d’autres.
Ainsi, à l’avenir, les hommes peuvent bel et bien espérer d’être des polygames, mais dans ce cas de figure, il s’agira d’une polygamie dont le  contrôle est appeler à être assurer par les dispositifs juridiques de protection et de défense déjà existant.
Le polygame du futur sera un homme qui ne  pourra plus disposer plusieurs femmes à la fois, mais qui aura eut la gentillesse et  l’amabilité  de libérer sa femme, soit par le biais de la séparation de corps ou du divorce avant de s’engager dans une nouvelle aventure.  De ce fait, il aura eu plusieurs femme dans sa vie , mais ne pourra plus disposer de plusieurs femmes à la fois. La pauvreté demeure une réalité de tous les jours et il appartient aux citoyens de s’engager raisonnablement dans les responsabilités sociales. Il sera de plus en plus difficile aux hommes d’être en mesure de gérer plusieurs femmes au regard des exigences du contexte marqué par la promotion et la protection des droits humains des citoyens et des droits catégoriels.  
Aujourd’hui, la maltraitance d’une femme, mère de famille  peut faire banalement l’objet d’une double incrimination où pourraient être brandis  la Convention relative aux droits de l’enfant ( CDE ) et la convention sur l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femme ( CEDEF ).
Car, une mère ou une femme enceinte  traumatisée par des violences à répétitions risque de ne plus être en mesure de jouer convenablement son rôle de mère dans l’encadrement et du soin aux enfants. Cela représente une situation qui peut faire l’objet d’une saisine auprès d’une institution judiciaire. Outre un ministère de la justice, le Burkina Faso dispose d’un ministère de la promotion des droits humains avec une direction de la protection et de la défense, puis une direction de la promotion et de la vulgarisation des droits humains. Ce qui signifie concrètement que si une femme se trouve confrontée à un problème d’ordre juridique ou judiciaire, elle a où aller pour se faire entendre. La plupart des hommes n’apprécient pas beaucoup une telle démarche de la part des femmes, c’est-à-dire, qu’elles parlent de leurs droits violés ou bafoués auprès d’autrui. Les dispositions traditionnelles ayant prévues qu’elles se contentent de subir. C’est cela le comportement idéal que la société attend de toutes.
11. Les exigences de la loi pour améliorer la situation des femmes

La loi moderne exige des hommes d’aujourd’hui  de s’organiser afin d’éviter trop de souffrances aux femmes. Vouloir, c’est pouvoir : si les hommes acceptent de s’engager à ne plus avoir des attitudes de violences à l’égard des femmes, le monde aura beaucoup de chances de contenir  au plan social l’équilibre des forces psychologiques en compétition dans l’esprit des hommes dont l’existence heureuse  lui donne du sens.
La culture africaine n’ ayant pas du tout préparé les femmes à véritablement prendre leurs responsabilités dans le cas d’espèce d’une séparation  de corps ou  d’un  divorce, beaucoup de femmes ont du mal à vraiment percevoir l’enjeux de cette nouvelle vision.  Les femmes  développent de plus en plus d’initiatives.
L’éveil des consciences face aux injustices qu’elles subissent, les amène   à s’engager dans la vie associative afin de mieux défendre leurs intérêts. Ainsi, d’un point de vue de la typologie, il y a des Associations des associations de défense des droits de la femme regorgeant de professionnelles en la matière, des Associations de femmes entrepreneuses, des Associations de développement local et régional, des Associations de lutte contre le SIDA,  des Associations de productrices du karité, etc.
 L’évolution au sein de la vie associative  permet  aux femmes d’ exprimer  leurs capacités à l’exercice du pouvoir à travers le poste de présidente qu’elles occupent généralement même s’il y a des hommes.
Afin de contribuer au développement et au renforcement de leurs capacités humaines, le ministère de la promotion de la femme organise à l’intention des Associations et ONG féminines des formations en leadership, techniques d’élaboration et de  gestion  de projets, genre et droits des femmes, maintenance et gestion des forages, techniques de production du beurre de karité et produits dérivés ( savons, pommades, laits pour le corps, etc) .


Les organisations féminines sont impliquées  dans la plupart des activités de validation de documents stratégiques que le ministère organisent. Elles prennent part à des rencontres nationales, régionales et internationales.
Qu’elles soient du milieu rural ou semi urbain, elle sont de plus en plus conscientes du pouvoir que représente le soir en s’intéressant aux programmes d’alphabétisation conçus à leur intention, soit par les structures étatiques, soit par d’autres Associations sœurs engagées principalement dans la lutte contre la pauvreté, la faim et l’ignorance des femmes.
Dans l’esprit du processus de la décentralisation en cours au Burkina Faso , les organisations féminines ont été  regroupées  en coordinations provinciales sous l’impulsion du ministère de la promotion de la femme en vue d’opérer de grands ensembles en terme de cadres d’expression sociale, politique et économique. Il appartient alors aux femmes de sauvegarder un tel acquis au regard du parcours accompli. Sous l’égide du ministère, une politique nationale de promotion de la femme verra bientôt  le jour au Burkina Faso. Il s’agit d’un cadre d’orientation qui donne la direction dans laquelle doivent s’inscrire les interventions du gouvernement et de ses partenaires en faveur de la  du  gouvernement en matière de promotion de la femme. L’objectif principal de la politique nationale de promotion de la femme consiste à garantir la participation de la femme au développement socioéconomique du Burkina Faso. La politique vise l’amélioration du statut social de la femme à travers une prise de conscience des inégalités dont sont victimes les femmes, la promotion d’une bonne image de la femme, la promotion de l’accès des femmes aux sphères de décision, l’élimination de l’analphabétisme chez les femmes, le renforcement des capacités des femmes, la promotion de la santé de la mère et de l’enfant et l’éradication de la pauvreté chez les femmes. L’ amélioration du statut social de la femme passe par les trois  axes stratégiques ci-après :

1°)     la suppression des pratiques socioculturelles reconnues comme étant rétrogrades et avilissantes pour les femmes, en vue d’un changement de comportement individuel et collectif. Un vaste programme sera consacré à des actions de sensibilisations appropriées auprès des populations rurales et urbaines sur les pratiques qui entravent la promotion de la femme ;
2°)    le recensement et la valorisation des cultures et pratiques traditionnelles favorables à l’épanouissement de la femme . En dépit du poids que constitue certaines pratiques culturelles qui entravent le progrès des femmes, il existe néanmoins des acquis qu’il conviendrait de sauvegarder ;
3°)    amener les femmes à ne plus  être des garantes et des complices de certaines pratiques traditionnelles rétrogrades ni les alliées circonstancielles des hommes contre des femmes pour le plaisir de freiner  une émergence féminine mal vue par la société jusqu’alors.
Les médias étant de puissants canaux  de communication sociale et d’éducation , des campagnes d’information















Bibliographie

Banque Mondiale, Septembre 2003, Rapport définitif sur : a) Etude sur les obstacles à l’accès
                                                                                          des femmes aux services    juridiques   
                                et judiciaire au  Burkina Faso
(Axe1 )
b) Revue critique des leçons apprises dans l’exécution d’initiatives de vulgarisation du droit au BF et définition d’une stratégie pour des initiatives durables de vulgarisation du droit
( Axe 2 ), étude réalisée par le groupe de recherche sur les initiatives locales, Ouagadougou, 172pages.   




11/01/2013
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